Statue de St Jacques de Compostelle

Michel Siret

Chemin de St Jacques

 

Au début, c’est la découverte, la redécouverte de ses sens. Le marcheur voit la beauté des paysages.  Les fleurs sur le bord du chemin, les villages aux architectures variées, les églises, les croix, les murettes ancestrales qui guident les chemins, les crêtes embrumées, le lever du soleil, la profondeur des forêts.

Il entend tout. Les pinsons, les fauvettes, les grives musiciennes, les mésanges, les tourterelles des bois, et les merles ; l’aboiement des chiens, le meuglement des vaches, le vent dans les feuilles, le crissement des troncs, le claquement de la pluie, le carillon des clochers, l’écoulement des ruisseaux, et le silence à l’interieur des églises.

Il hume l’environnement, l’odeur des bois et des forêts de chênes, de tilleuls, d’eucalyptus, de chèvrefeuilles sauvages, l’herbe sèche ou mouillée, et le passage des troupeaux … Il goûte l’eau fraiche des fontaines, la saveur des fruits des bois, les offrandes des donativos.

Le marcheur ressent la terre, la dureté du bitume, la légèreté des chemins sous les bois, la sécheresse des sols, la pierre mouillée, la douceur de la brise, la violence du vent, la brulure du soleil, la sueur qui coule sur son visage, la fraicheur des matins, l’humidité et la froideur de la pluie.

Et puis, il y a l’autre chemin, celui de la découverte de l’autre, celui de la rencontre. Et pour cela, il faut enlever la cape, poser le sac à dos, jeter les bâtons, marcher pieds nus. Alors tu admets le don d’humilité, celui qui grandit au fil du chemin, et tu vois. Tu vois dans les yeux des autres la souffrance, l’espérance, la tristesse et la joie. Tu ressens l’envie de partager, le besoin de l’autre de se confier, la joie d’avoir vécu cet échange. Marcher fait remonter la joie, cette grâce innée qui nous relie et nous renforce les uns les autres. Plus elle rayonne, plus on en donne. C’est peut-être çà l’Ultreia.

Quand tu fais le St Jacques, tu comptes les kilomètres, quand tu vis le St Jacques, tu t’enrichis de ces moments-là.

Je termine par ce merveilleux mot de bienvenue dans l’église Ste Fleur d’un petit village du Quercy, Issendolus.

Tu chemines vers Rocamadour, St Jacques, Conques ou ailleurs,

Tu marches avec tes raisons ou sans, mais tu marches avec une quête dans laquelle existe une transcendance que peut être tu cherches encore. Tu es croyant ou non, mais tu marches.

Tu portes tes souvenirs de paysages et de rencontres qui composent un trésor, mais tu marches pour le faire grandir. Tu portes aussi ton vécu avec ses souffrances et ses joies, mais tu marches pour les dépouiller et n’en garder que l’essentiel.

Si tu es chrétien, nous confions notre paroisse à tes prières, que tes pas portent nos peines et nos joies pour les présenter à Dieu et à sa mère. De notre côté, nous t’accompagnons par nos prières et resterons ainsi en communion comme Jésus nous l’a demandé.

Si tu n’es pas chrétien, sois aussi chez toi en ce lieu, n’hésite pas à prendre un temps de silence ou de recueillement. Confie ton chemin à Ste Fleur qui déjà au XIVe siècle secourait les pèlerins qui s’arrêtaient dans son hôpital. Si tu le veux, elle sera à tes cotés et intercédera jusqu’à l’aboutissement de ta route.