Jean-Noël Lhuillier
La vie devient morne, avec ce covid on ne peut plus respirer, se balader, visiter, admirer, que sous masque, dans les environs immédiats, en famille très restreinte, chez soi… Comme chacun je laisse s’installer mes routines, mes habitudes de confinement. Elles ont l’air charitables parfois, mais toute routine n’est-elle pas égoïste ?
Tenez, les dimanches matin au lever je survole seulement les textes religieux du jour, pour garder leur force d’impact pour la messe où j’arrive à aller – à condition que la jauge me permette d’entrer dans l’église. Mais je lis tôt les commentaires de La Croix. Et récemment ils se terminaient par une prière : Seigneur Jésus… Tu es l’unique Temple, donne nous de ne nous attacher qu’à toi.. Tu es le seul Temple…
Et là, je m’interroge. Le Temple n’existait-il pas avant le Christ ? La Révélation a commencé bien avant sa naissance, auprès d’Abraham et de beaucoup de prophètes et patriarches juifs. Ou auprès d’autres, et jusqu’à aujourd’hui, voire demain. Je croirais volontiers que Bouddha, que Confucius, que Mahomet, que Gandhi, que saint Augustin, que l’abbé Pierre, et tant d’autres, en ont perçu des aspects, ont essayé et parfois réussi à nous les transmettre. Que nous-mêmes pouvons la percevoir, que Dieu nous parle. Et parle aux protestants, aux musulmans, aux bouddhistes, aux hindouistes, et à beaucoup d‘autres..
Alors, c’est vrai pour moi, le Christ rassemble toutes ces Révélations, et toute l’humanité, en lui. Mais je pense qu’il n’exige pas que tous ces croyants le reconnaissent comme tel dès ce monde. Nul ne vient au Père que par Lui, mais en ce monde certains peuvent ne pas en avoir pris conscience, ils arriveront quand même, dans sa Pâque ils ressusciteront avec lui.
Et le Christ n’exige pas que nous prenions littéralement toutes ses paroles. Il les a d’ailleurs dites la plupart en araméen ancien, elles n’ont été notées dans des documents que nous avons en grec ou latin que des dizaines ou centaines d’années plus tard. Il est la voie, la vérité et la vie, mais ses paroles ainsi notées nous laissent libres d’interpréter, exigent notre interprétation, et cette voie recouvre, inclue, bien des chemins.