Bernard Coutin
Petit entretien avec l’auteur
Pourquoi as-tu tenu à écrire ce texte ?
Lorsque j’étais tout jeune, j’écrivais déjà des poèmes. Puis, j’ai lu dans les Lettres d’un jeune poète de Rainer Maria Rilke ce conseil : si tu as la passion d’écrire, alors écris. Si tu peux t’en passer, alors n’écris pas ! Mais devant les rigidités dans l’Eglise et dans la façon dont sont parfois célébrées les obsèques, je n’ai pas hésité à prendre la plume. J’y ai été poussé et soutenu par Mgr Herbulot. J’ai sans doute aussi été influencé par mes divers voyages à Jérusalem. Je préfère partager plutôt que de transmettre, c’est la vie qui est la plus importante. Et dans mes rencontres avec les communautés chrétiennes, je me situe comme un mendiant d’amitié.
Quel défi pour l’Eglise ?
Ce serait que toute la communauté réalise pleinement son rôle de prêtre, prophète et roi, et qu’elle découvre que le prêtre est le serviteur au service de cette communauté.
Vous trouverez dans le livre du père Jean-Marie de nombreuses idées-forces, parmi lesquelles une très complète présentation de la Résurrection (1ère partie – une belle occasion de relire l’histoire sainte) et une très belle parabole sur le royaume (2ème partie). Je fais le choix de vous présenter ici deux autres thèmes.
Eglise et monde.
Revenant dans une de ses anciennes paroisses quinze ans plus tard, le père Jean-Marie constate une grave rupture entre société civile et communauté chrétienne. Suite aux débats sur le mariage pour tous et sur la bioéthique, serions-nous devenus une secte au langage incompréhensible, sûre d’elle-même, accrochée à ses sécurités ? Pour le pape François, mieux vaut une Eglise accidentée et sale qu’une Eglise enfermée dans son confort. Paul VI disait déjà que l’Eglise ne trouvait son identité profonde qu’en s’ouvrant à de nouveaux espaces au-delà de la paroisse. Il nous faut casser les barrières comme l’a fait saint François dans son baiser au lépreux et sa rencontre avec le sultan.
Le chrétien doit utiliser la liberté que Jésus lui a donnée pour s’insérer dans un monde qu’il doit aimer. La liberté de Jésus est une liberté pour l’homme. Et c’est en se présentant comme une liberté pour l’homme qu’elle est une liberté vécue pour Dieu. Dieu a tellement aimé le monde… « Tout ce qui me parle de l’homme me parle de Dieu (Pascal) ». C’est dans la vie locale parmi les croyants et les non-croyants que nous faisons l’expérience de la rencontre de Dieu. Entrer en relation signifie prendre le langage de ceux chez qui nous allons (Mgr Rouet) et renoncer à tout pouvoir sur l’autre. Le terme de l’Eglise est avant tout d’être un lieu de réciprocité et de communion. Chacun est reçu et respecté par les autres : la vie est un temps de rencontre (pape François)
Eglise et communion
Les plus anciens d’entre nous se souviennent d’une Eglise, où le prêtre célébrait le dos tourné, au fond du chœur. La structure de l’Eglise était alors pyramidale : pape, évêques, prêtres. Vatican II a opéré une véritable révolution en reconnaissant la vocation des laïcs. Il n’y a qu’un seul sacerdoce : celui du Christ. Consacrés par leur baptême, les laïcs vivent dans le monde pour y assurer une présence d’Eglise. Nous retrouvons là les intuitions de Luther. Le sacerdoce des laïcs a une triple dimension : parole, culte et royauté. Sacerdoces prêtre et laïc ne sont pas de même nature. Le rôle du prêtre est de favoriser les articulations des différentes parties du Corps.
50 ans après Vatican II, le pape François doit encore s’élever contre le cléricalisme de certains prêtres et laïcs, cléricalisme qui finalement sous-estime la grâce baptismale reçue par chacun.
Il n’y a pas de monopole de la vérité : les différentes traditions conviennent qu’elles suivent des chemins qui tentent de s’en approcher. Les ruptures de dialogue se situent plutôt au sein même de chacune de nos traditions.
Nous sommes tous responsables les uns des autres. Le pape François insiste bien, il n’est possible de se sauver qu’ensemble. Le père Jean-Marie nous explicite cela à l’aide d’un passage du Dialogue des Carmélites de Bernanos. Une jeune femme, Blanche, dévorée d’angoisse est accueillie au carmel par la prieure, qui avait elle-même totalement vaincu son angoisse personnelle. Mais au contact de Blanche, les tortures de l’angoisse l’étreignent de nouveau jusqu’à sa mort. Endossant la souffrance de Blanche, sa mort se passe dans la révolte. Plus tard, Blanche montera à l’échafaud libérée de son angoisse viscérale. Chacune a eu la mort de l’autre. C’est cela la communion des saints… et l’Eglise.
Sur la chaine KTO TV, le 4 avril à 20h35 : Des Rameaux au tombeau vide
Tout à la joie de la Résurrection (et à la recherche des oeufs en chocolat !), le chrétien a tendance à oublier promptement les événements qui l’ont précédée. Ce numéro de La Foi prise au mot rappelle que les évangélistes ont écrit les récits de la Passion et de la Résurrection comme un tout et que bien des gestes et des événements de la Semaine sainte gardent leur sens bien après Pâques. Ce soir du jour de Pâques, Régis Burnet et ses invités, le Père assomptionniste Jacques Nieuviarts et le frère franciscain Jean-Marie Burnod, convient les téléspectateurs à une sorte de pèlerinage en suivant Jésus, pas à pas, dans les ruelles de Jérusalem. Où l’on verra la gloire du Fils se manifester tout au long de cette Passion : de l’Entrée à Jérusalem à la découverte du tombeau vide