Michel de Guibert

L’Exultet (ou Exsultet selon les graphies) est un des moments importants de la Vigile pascale ; il tire son nom, qui manifeste déjà la joie, du premier mot en latin de cette longue pièce liturgique qui commence ainsi : « Qu’exulte de joie la multitude des anges ! ».

Après le grand silence du Samedi Saint, silence du tombeau et de la descente aux enfers du Christ venu visiter les morts qui dormaient dans l’attente du salut, la Vigile pascale, qui commence toujours dans la nuit de Pâques, débute par le rite de la lumière. Après avoir allumé le cierge pascal au feu nouveau, tous rentrent en procession dans l’église à la lumière des cierges allumés au cierge pascal et le diacre (ou à défaut le prêtre ou un chantre laïc) entonne à l’ambon l’Exultet.

Dans sa forme originelle, qui date au moins du IVe siècle, il se compose de deux parties de taille inégale : une première partie qui manifeste la joie de toute la création et une deuxième partie qui est une longue action de grâce bâtie comme une préface qui résume l’histoire du salut (à ce propos, Louis Bouyer parle de « l’eucharistie lucernaire »).

La première partie annonce la Pâque, la victoire de la lumière sur les ténèbres et du Christ sur la mort, et exprime avec lyrisme la jubilation et la joie du ciel et de la terre.

Suit un dialogue analogue au dialogue de la Préface de la messe.

La deuxième partie commence comme toute Préface par : « Vraiment, il est juste et bon… », évoque la traversée de la mer Rouge lors de l’Exode et célèbre la Pâque du Christ, célébrant cette nuit sainte qui nous rend la lumière, cette nuit « où le ciel s’unit à la terre, où l’homme rencontre Dieu », devant le cierge pascal qui symbolise dans la nuit la lumière du Christ « dans l’attente que se lève l’Astre du matin, celui qui ne connaît pas de couchant, le Christ ressuscité revenu des Enfers, qui répand sur les hommes sa lumière et sa paix. ».

L’Exultet se termine par un Amen solennel de toute l’assemblée.

C’est dans cette pièce liturgique que l’on trouve le fameux et osé « Felix culpa » qui a fait couler beaucoup d’encre… « Heureuse faute d’Adam qui nous a valu un tel Rédempteur ! »

Nous vous proposons ici d’écouter l’Exultet du frère André Gouzes qui respecte la structure traditionnelle de l’Exultet en ajoutant juste un ostinato de la chorale et de l’assemblée dans plusieurs belles interprétations (partition disponible sur simple demande) :

Par les Fraternités Monastiques de Jérusalem : https://youtu.be/ioacPnTVsSQ

Par la Capella Sylvanensis :
https://youtu.be/n1YDTWOU3ig

 

Vous pouvez aussi retrouver une très émouvante captation de l’émission du Jour du Seigneur réalisée en live à Pâques 2008 à l’Abbaye de Sylvanès (avec toute une assemblée chantant l’ostinato) :

https://vodeus.tv/video/samedi-saint-a-labbaye-de-sylvanes-exultet-de-la-vigile-pascale-2423

Pour les curieux, vous pouvez retrouver aussi l’Exultet grégorien chanté à l’Abbaye de Ligugé : https://youtu.be/LA3tl7tj9R8

Il existe aussi une forme de l’Exultet en couplets/refrain, qui est plus connue car plus facile à chanter si l’on ne dispose pas d’un chantre expérimenté, mais qui est moins fidèle à la forme liturgique originelle de l’Exultet qui est celle d’un récitatif orné et d’une préface ; vous pouvez en retrouver deux belles interprétations :

Par la Chorale Bx Pier Giorgio – Aumônerie de Nantes : https://youtu.be/hpr5oW9QqcI

Par l’Ensemble Vocal l’Alliance : https://youtu.be/f1goLKqXg60