Pierre Novikoff
Louez Dieu !
Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité…..
Nous avons pris quarante jours pour monter vers Pâques. Quarante, c’est tout un symbole, il
revient souvent dans la Bible. Les hébreux passèrent quarante ans au désert, Jésus passa
quarante jours au désert juste avant sa vie publique. Pourquoi quarante ? Vous le savez
bien, mesdames: lorsque vous êtes devenues mères, vous avez attendu quarante
semaines. Quarante, c’est le temps de la gestation, de la transformation qui permet un
nouveau départ, une nouvelle vie.
Nous nous sommes donc mis en route pour retrouver la présence de Dieu. Cette route a été
une démarche intérieure. Nous avons trié l’important du superflu. Guidés par Laudato Si’,
nous nous sommes réjouis de la beauté de la création, tout en constatant sa dégradation et
ses impacts sur la vie de nos frères. Nous avons recherché notre propre conversion.
Peut-être que dans cette recherche intérieure, nous avons trouvé des signes de Dieu, des
réponses ou des embryons de réponse. Peut-être que notre vie spirituelle s’en est trouvée
renforcée. Peut-être que certains de nos comportements ont évolué. Nous nous sommes
dépouillés, en gardant l’image du Christ qui a été dépouillé de tout, y compris de ses amis,
et qui n’a gardé que l’indispensable: l’Amour.
Le Christ en croix obéit pleinement au seul commandement de son Père: “Aime !”.
Il meurt en nous aimant totalement d’un amour sans limite.
Cet amour est pleinement donné pour nous, pour nous tous….
C’est pour cela qu’il ressuscite, c’est par cela qu’il a vaincu la mort..
Sur la route d’Emmaüs, deux de ses anciens disciples, pas vraiment pèlerins, pas vraiment
courageux, fuient Jérusalem. Leur messie est mort, les puissants ont encore gagné. Et
pourtant une rencontre avec un voyageur va les bouleverser et nous avec. Jésus va se
révéler à eux vivant. Il le fait petit à petit, en deux étapes. Il leur parle en relisant, en
expliquant les textes. Il se montre par le partage du pain. Certes, ces deux étapes font écho
aux deux temps principaux de la messe, mais au-delà de la liturgie, elles nous rappellent
aussi que le christianisme est à la fois une religion de la parole et de la rencontre. On ne
peut pas partager le pain tout seul, il ne peut y avoir de partage du pain qu’à partir de
rencontres. Ce sont les ponts que le Pape nous appelle à construire.
Nous entrons dans le temps pascal. Après le temps d’intériorité qu’a été le carême,
peut-être devrions-nous nous préparer à rencontrer le Ressuscité au détour d’un chemin,
comme les pèlerins d’Emmaüs. Nous le retrouverons certes dans la liturgie de la parole et
dans celle de l’eucharistie, à la messe. Mais après, une fois que le célébrant nous aura
envoyé “dans la paix du Christ”, mettons-nous à l’écoute, regardons… Entrons dans le
temps « d’extériorité ». Cherchons la présence du Ressuscité autour de nous. Il est là…
Il est dans le sourire des enfants, dans le regard épuisé du malade bientôt guéri, dans la joie
de retrouver les grands parents que l’on n’a pas vu depuis si longtemps, dans un pardon si
dur à exprimer, mais si doux à recevoir, dans le croisement d’un regard avec le SDF du bout
de la rue, dans la rencontre avec un nouveau collègue qui a sûrement tant de choses à
apporter, dans le merci du prisonnier visité, dans le coup de téléphone qui annonce une
future naissance, dans le soutien imprévu d’un ami un jour de deuil, dans un “je t’aime”
inattendu du conjoint.
Oui, le Ressuscité est vraiment parmi nous …..
Alleluia !